|

"Agent orange": Bayer-Monsanto assigné en justice

Quatorze groupes agrochimiques, dont le géant Bayer-Monsanto, sont actuellement assignés en appel à Paris par une Franco-Vietnamienne pour avoir fourni aux États-Unis l'"agent orange", un défoliant utilisé durant la guerre du Vietnam. Leur sort sera décidé le 22 août.

16:39 - 7/05/2024 mardi
AFP
La Franco-Vietnamienne Tran To Nga, à Paris, le 11 mai 2021.
Crédit Photo : Thomas SAMSON / AFP
La Franco-Vietnamienne Tran To Nga, à Paris, le 11 mai 2021.
Mme Tran To Nga, âgée de 82 ans,
"souffre de tuberculoses à répétition, d’un cancer et d'un diabète de type II"
, selon les déclarations de l'association Vietnam Dioxine, qui soutient ce procès comme
"l'unique espoir pour les plus de trois millions de victimes de l’agent orange"
, déversé sur le Vietnam par les avions américains durant la guerre, achevée en 1975.

En 2021, Mme Nga avait été déboutée par le tribunal d'Évry, en région parisienne. Ce dernier s’était déclaré incompétent pour traiter sa plainte contre les géants agrochimiques, dont Bayer-Monsanto, Dow Chemical et Hercules, en estimant que les sociétés avaient
"agi sur ordre et pour le compte de l'État américain"
et qu’elles pouvaient, de ce fait, se prévaloir de
"l’immunité de juridiction".

Pour les entreprises qui répondaient aux commandes de l'État américain,
"la marge de manœuvre était inexistante et le contrat était un carcan"
, a plaidé mardi Me Jean-Daniel Bretzner, avocat de Bayer-Monsanto.

"La thèse de l'inféodation des sociétés à l'armée est une fable",
a au contraire argué Me Bertrand Répolt, conseil de Mme Nga.

Son autre avocat, Me William Bourdon, s'est dit
"confiant"
après l'audience.

La décision sera rendue le 22 août.


"Liquide gluant"


Selon le collectif, le défoliant utilisé massivement par l’armée américaine entre 1961 et 1971 aurait entraîné des conséquences à long terme sur la vie de Mme Nga, exposée à la substance chimique quand elle avait 24 ans et dont elle a tiré un livre,
"Ma terre empoisonnée",
publié en 2016.

Née en 1942 en Indochine française, elle avait été exposée à l'"agent orange" - qui tient son nom de la couleur du bandeau peint sur les barils contenant ce défoliant - déversé par l'armée américaine.

"L'avion est passé avec un nuage blanc derrière lui. Ça tombe très rapidement et c'est comme ça que je me suis retrouvée enveloppée d'un liquide gluant et, tout de suite, j'ai commencé à tousser, à m'étouffer
", a-t-elle récemment relaté lors d'une conférence de presse.

Sa fille, née en 1969, est décédée d’une malformation cardiaque au bout de "17 mois", précise le collectif, en ajoutant que ses deux autres filles et ses petits-enfants seraient atteints de "pathologies graves".


En 2005, un recours de l’association vietnamienne des victimes aux États-Unis contre onze fabricants d’herbicide, dont Dow Chemical et Monsanto, pour crime contre l’humanité et crime de guerre, a été débouté au motif que l’agent orange était un herbicide et non une arme chimique.

Une décision que dénonce le collectif, notamment à cause du fort taux de dioxine contenu dans les 80 millions de litres de produit déversés sur les forêts vietnamiennes, à l’origine, selon lui, des soucis de santé de 2,1 à 4,1 millions de personnes.


D'après les déclarations des avocats, la décision sera rendue le 22 août.


A lire également:


#Bayer-Monsanto
#Agent Orange
#agrochimie
#justice
#Vietnam
#guerre
#santé
#conséquences
#exposition
#avocats
#procès
#dioxine
#crime de guerre
#victimes
#maladies
#indemnisation
il y a 12 jours